Spécial Expats en Asie
Données concernant les interviewés :
| Identité | Yvon Le Renard |
| Promotion de sortie E.I.S.T.I. | 1993 |
| Formation post-diplômante | Marketing & Télécommunications, INSEAD de
Fontainebleau – France |
| Société, lieu | Nortel Asia à Hong-Kong – Chine |
| Poste occupé | Asia Pacific Wireless Business Development Manager |
| Domaine | Télécommunications (Téléphonie mobile de 3ème génération) |
Partons donc à la découverte de l’Asie avec Yvon Le Renard (Y.LR):
2πr – Tout d’abord une question toute simple : qu’est-ce qui vous a conduit à partir en Asie ?
(Y.LR) : Je suis parti en Asie pour plusieurs raisons :
– Tout d’abord pour découvrir personnellement et professionellement une région en pleine expansion,
particulièrement dans le secteur de la téléphonie mobile (expansion liée au fait que le taux de
pénétration de la telephonie fixe reste faible).
– Puis, il s’agit d’une opportunité d’expatriation que j’ai eu avec ma précédente société,
Motorola.
2πr – Quel est votre fonction au sein de la société ?
(Y.LR) : Mon job consiste en 3 points :
1- Identifier de nouvelles opportunités dans la region Asie Pacifique pour la vente de réseaux
cellulaires (téléphonie mobile) de 3ème Génération dans les pays les plus avancés ou de 2ème
Génération (GSM, GPRS, CDMA) dans les pays émergeants.
2- Mener à bien une vente dont les cycles sont très longs (12-18 mois en moyenne) qui démarre de
l’attribution des licences par les régulateurs, en passant par la stratégie, produit, prix et
aspect commercial à mettre en place, jusqu’à la signature du contrat.
3- Anticiper les tendances technologiques (WiFi, WiMax, nouveaux services et applications etc..),
veille concurentielle et travailler étroitement avec notre structure PLM (Product line
Management) au siège.
2πr – Quels sont les avantages d’une expatriation en Asie ?
(Y.LR) : Les avantages sont multiples.
Tout d’abord une responsabilité beaucoup plus large
due à une structure plus simple et avec moins de personnel qu’en Europe ou aux Etats-Unis. Depuis
4-5 ans chez Nortel, j’ai par exemple occupé les postes suivants :
– Product Marketing,
– Business Plan Analysis,
– Business Development
Tout en couvrant plusieurs technologies allant du GSM, GPRS, CDMA à l’UMTS (3G).
De plus, l’Asie présente l’avantage d’être un marché mixant toutes ces technologies, ce qui n’est
pas le cas aux Etats-Unis ou en Europe. La diversité des cultures et des pays permet également de vendre un jour une technologie déjà
bien établie en Europe (par exemple le GSM au Pakistan) et de travailler en même temps dans des
pays très avancés technologiquement comme le Japon et la Corée du Sud qui ont plusieurs années
d’avances sur la France, particulièrement dans les applications et services de téléphonie mobile.
2πr – La question que tout le monde se pose : l’E.I.S.T.I. est-elle connue jusqu’au pays du soleil levant ?
(Y.LR) :
Non. Pas vraiment… En plus il s’agit ici de télécommunication et non d’informatique. Les écoles
françaises les plus representées (chez Nortel) sont plutôt Télécom Paris, Télécom Bretagne,
Supélec… mais très peu les écoles d’informatique.
2πr – Ces dernières années, nous avons pu constater le décollage de cette zone avec notamment la montée en puissance de la Chine et de l’Inde. Quel est le sentiment sur place ?
(Y.LR) :
L’Inde effectivement pour le dévelopment informatique, la plupart des équipementiers concurrants
comme Ericsson, Motorola etc… ont également des structures R&D en Inde et encore davantage en
Chine.
Nortel, quand à elle, vient d’investir dans une société indienne pour sous-traiter une partie de
son dévelopment. Toutefois la transition reste difficile…
Sur le même sujet, on devrait également parler de la concurrence asiatique qui vient frapper à la
porte de l’Europe : La chine est en télécommunication beacoup plus avancée que l’Inde. Deux
monstres Chinois (ZTE et surout Huawei – les « Acatel » de la chine) sont aujourd’hui reconnus pour
les innovations par les plus grands opérateurs européens (Par exemple British telecom) et non plus
considérés comme il y a quelques années comme copieur de technologie. Ils viennent tous les 2
d’ouvir leurs bureaux à Paris.
2πr – Et que deviennent les Dragons d’Asie du Sud-Est ? Toujours en
course pour les technologies de pointe ?
(Y.LR) :
Je dirais surtout oui pour Taïwan et la Corée du sud. Je travaille aujourd’hui sur un projet en
Corée du sud depuis 4 mois ou Nortel vient de creer un Join-venture (i.e. un partenariat) avec LG
electronics (ndlr : Grand constructeur électronique de Corée du Sud – pour les télévisons LCD
notamment). Ici commes au japon, les services en téléphonie mobile ont quelques années d’avances
et on parle déjà depuis quelques mois de 4ème Génération. En corée, le gouvernement y
est pour beaucoup : il a en effet une politique très innovante pour que la Corée reste le leader
technologique incontesté (cf. Samsung ou LG).
2πr – Quels conseils pourriez-vous donner à ceux qui souhaiteraient tenter leur chance dans cette partie du globe ?
(Y.LR) :
Fais ta valise et part demain ! c’est une région très riche professionellement et personnellement
avec des opportunités de carrières importantes.
Pour les jeunes ingénieurs, une coopération (appele maintenant « Volontariat ») ou un stage de 3ème
année est une très bonne porte d’entrée.
Pour les ingénieurs confirmés, avoir une société qui vous envoit en expatriation reste l’idéal,
mais de plus en plus rare et les packages (ndlr : Avantages accordés aux expatriés par les
sociétés) sont de plus en plus maigres, donc la négotiacion est difficile. C’est pourquoi il ne
faut pas non plus nécessairement s’arrêter à ce statut « d’expat » : je l’ai été chez Motorola
pendant plus de 3 ans en Malaisie et à Singapour et suis maintenant avec status de local chez
Nortel à Hong-Kong. Mais j’en suis très content ! Il ne faut pas non plus s’arrêter devant les
discours de certaines ambassades ou consulats qui vous avertissent que votre femme ou concubine
n’a aucune chance de travailler… Ma femme a trouvé du travail aussi bien en Malaisie qu’à
Hong-Kong. Pour un statut local, il faut par contre être prêt malgré tout à rennoncer à quelques
avantages bien de chez nous comme les 7 semaines de vancances, RTT, écoles gratuites, securité de
l’emploi, chômage, sécu etc… et également prendre le risque de se faire virer en 10 minutes si
l’économie va mal. Mais ça vaut le coup !
L’environnement est, vous l’aurez compris, très dynamique.
2πr – Merci de nous avoir fait profiter de votre expérience !
Souhaitons donc bonne chance à celles et ceux qui seraient tentés de bénéficier d’une expérience en Asie…
N’hésitez pas à faire part de vos remarques ou bien de vos témoignages en nous écrivant à l’adresse suivante : [email protected]
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