Management au féminin
Ce mois-ci, votre magazine a décidé d’offrir la place d’honneur aux Eistiennes. Pour ce faire, nous sommes
allés dénicher des profils exceptionnels pour vous parler du management au féminin…
Données concernant les interviewées :
| Identité | Agathe Porte |
| Promotion de sortie EISTI | 1987 |
| Autres formations | — |
| Société, lieu | Axis Direct à Santiago – Chili |
| Poste occupé | Directrice Générale |
| Domaine | Communication et Publicité |
et
| Identité | Patricia Plichon |
| Promotion de sortie EISTI | 2000 |
| Autres formations | — |
| Société, lieu | ADP-GSI à Villepinte – France |
| Poste occupé | Administrateur de base de données et développement |
| Domaine | Contrôle tarifaire |
Après cette courte présentation, place aux témoignages :
2πr – Tout d’abord pour mieux te connaître, quelle fonction occupes-tu et au
sein de quelle entité ?
Agathe Porte (A.P) : Je suis Directrice Générale et associée de Axis une agence de publicité et de
marketing relationnel que j’ai crée au Chili et qui aujourd’hui est une filiale de BBDO Worlwide, un grand
groupe de communication américain.
Patricia Plichon (P.P) : Actuellement, je suis rattachée au département informatique. Toutefois, je
travaille essentiellement pour le département du Contrôle tarifaire.
Ce département a pour but de contrôler les billets d’avion émis par les agences de voyages au niveau
tarifaire. Si l’agence n’a pas appliqué le bon montant par rapport à certaines règles prédéfinies, un
redressement lui est appliqué.
Je m’occupe, dans ce contexte, de la gestion de la base de données (qui contient les informations sur les
billets) ainsi que d’un projet qui permet, suite à la saisie de quelques contrats tarifaires, de contrôler
automatiquement les tickets. Cela permet aux analystes (ce sont les personnes qui contrôlent toute la
journée les billets) d’avoir moins de billets à contrôler.
2πr – Entrons dans le vif du sujet : comment perçois-tu la situation des femmes
occupant des postes à responsabilités ?
(A.P) : Au Chili, c’est un peu particulier car c’est une société très machiste et pas aussi développée
que l’Europe : il y a donc peu de femmes avec de grandes responsabilités. Le Chili a, de ce point de vue, une
quarantaine d’années de retard. Cependant, les choses changent vite et ces 40 ans de retard peuvent se
rattrapper en 10 ans !
(P.P) : Je pense que les femmes ayant un poste à responsabilité, selon l’entreprise et le secteur dans
lequel elles exercent, auront plus de preuves à faire qu’un homme… surtout si elles dirigent des hommes.
Dans un secteur féminin, ce genre de problème se ressent moins.
En revanche, je pense que ceci s’applique plus à la génération de nos parents qu’à la nôtre, heureusement
les mentalités changent
enfin j’espère, même si nous n’avons pas encore assez de recul pour être objectifs.
Cependant, il reste à mes yeux un problème crucial : celui de la maternité. Je comprends un patron qui a le
choix entre un homme et une femme entre 25 et 35 ans avec exactement les mêmes compétences : qu’il prenne
l’homme ne me choque pas, car c’est un âge où la femme peut partir à tout moment pour un congé maternité et
donc cela peut poser problème pour un poste à responsabilités. Il faut donc, selon moi, qu’une femme ait plus
de compétences pour arriver à faire la différence…
2πr – Direction des entreprises… ‘men only’ : préjugé ou réalité ?
(A.P) : C’était un préjugé dans le passé. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas dans les mentalités, mais
cela reste un fait : c’est plus la maniere dont les hommes cherchent à se se protèger de la montée des femmes,
mais ça ne marche plus et la réalité prouvera de plus en plus le contraire.
(P.P) : Je pense que c’est une réalité qui commence à changer avec les mentalités. Le problème est qu’il
y a moins de femmes que d’hommes qui accèdent à des formations d’ingénieur (il suffit de voir les proportions
hommes/femmes à l’Ecole pour en être convaincu), donc au bout de la chaîne il y aura plus d’hommes
que de femmes qui seront pressentis à un poste de dirigeant.
De plus, un homme peut commencer plus tôt à « penser à sa carrière » ; une femme doit faire, au moins au début,
un choix entre sa carrière et sa vie de famille. Si elle choisit la vie de famille, il lui faudra attendre
que les enfants soient un peu plus indépendants pour pouvoir penser à sa carrière, ce qui fait qu’elle devra
attendre 10 ou 15 ans de plus qu’un homme…
2πr – La proportion de femmes ingénieurs demeure faible. Il y a même raréfaction
si l’on pousse jusqu’aux conseils d’administration. Pourtant lorsqu’elles y accèdent, c’est avec un plein
succès. Qu’est-ce qui fait le « plus » du Management au feminin ?
(A.P) : Selon moi, le plus c’est que pour y arriver, elles ont du demontrer beaucoup plus de capacités
qu’un homme au même niveau de responsabilités.
Le plus, c’est que celles qui y arrivent, c’est parce qu’elles en ont eu vraiment envie. La carriere est
presque toujours une « obligation » pour les hommes, elle este encore un choix pour les femmes. Celle qui font
carriere sont celles qui ont fait ce choix.
Le plus, c’est qu’elles ont dû se battre plus afin de rompre les freins, les a priori et les barrières.
(P.P) : En règle générale, une femme est plus pointilleuse et ira donc plus au bout des choses. Il y a
peut-être aussi un côté plus sensible qu’il ne faut pas qu’elle montre et qui l’aide à prendre des décisions
plus raisonnables et plus justes
mais évidemment il ne faut pas oublier que certaines femmes n’ont pas ces
qualités et certains hommes les ont.
2πr – Faut-il en faire toujours plus ?
(A.P) : Et oui, car aujourd’hui celui qui n’avance pas recule !
(P.P) : Tout dépend où on veut arriver. Une fois qu’on a fait ses preuves, tout va bien mais il est
évident qu’avant d’en arriver là il faut en faire beaucoup !
2πr – Comment sont les relations professionnelles pour les femmes dirigeantes ?
(A.P) : Dans mon cas et c’est une caractéristique plutôt féminine, elles savent incorporer du rationnel
bien-sûr mais de l’émotionel aussi.
(P.P) : Encore une fois, tout dépend dans quel secteur elles se trouvent et qui elles dirigent. Dans un
secteur macho, il faudra certainement qu’elles arrivent à établir un contact tout en gardant leurs distances
pour ne pas se faire dépasser par les évènements, mais dans les autres secteurs je ne pense pas qu’il y ait
d’énormes différences avec les hommes dirigeants.
2πr – Qu’est-ce qui t’a le plus freiné dans ta carrière et ce qui t’a le plus
aidé ?
(A.P) : Ce qui m’a le plus freiné c’est mon sentiment de culpabilité vis-à-vis de ma vie familiale et en
particulier de mes enfants (j’en ai 3).
Ce qui m’a le plus aidé, en revanche, c’est ma passion pour entreprendre et ma passion pour la communication,
domaine dans lequel j’ai toujours et exclusivement travaillé.
(P.PD) : Ce qui m’a le plus aidé c’est certainement le côté féminin « pointilleux » que j’ai cité
précédemment.
Je ne vois pas grand chose qui m’ait freiné ; dans mon entreprise j’ai toujours été traitée à égale valeur
avec les hommes.
Par contre, je me freine de moi-même en ayant pris la décision d’avoir un enfant… mais ce n’est que
partie remise !
2πr – Un grand merci merci pour ces éclaircissements !
Pas de doutes, les Eistiennes savent tirer leur épingle du jeu ! Souhaitons leur bonne continuation.
N’hésitez pas à faire part de vos remarques ou bien de vos témoignages en nous écrivant à l’adresse suivante : [email protected]
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