Spécial Industrie
Ce mois-ci, les témoignages qui vous sont proposés ont pour originalité de présenter un secteur légérement eclipsé par la vague Internet, mais qui reste par sa nature sélective et la richesse de ses métiers, l’essence même de l’ingénieur : l’Industrie. Et comme l’EISTI forme avant tout des ingénieurs, nous avons souhaité nous attarder quelque peu sur ce sujet.
Pour découvrir les dessous de l’industrie, les témoignages recueillis sont ceux de deux Anciens expérimentés : Nathalie Déniel (Promo 1990) et Thierry Leboucq (Promo 1993). Ils vont nous raconter, chacun avec leur approche et leur profil original, les rouages internes de ce colosse ainsi que les profils recherchés.
Mais tout d’abord, voici leur fiche d’identité :
| Identité | Nathalie Déniel (née Grall) |
| Promotion de sortie EISTI | 1990 |
| Autres formations | DESS en Gestion des Entreprises Exportatrices (France) |
| Société, lieu | CANON Communication & Image France à La Garenne-Colombes (92) – France |
| Poste occupé | Responsable Régionale des Ventes Bretagne/Pays de Loire (basée à Rennes) |
| Domaine | Industrie de construction et de commercialisation de periphériques informatiques |
et:
| Identité | Thierry Leboucq |
| Promotion de sortie EISTI | 1993 |
| Autres formations | — |
| Société, lieu | LU à Risorangis (91) – France |
| Poste occupé | Chef de Groupe SI décisionnel & Commercial – Marketing |
| Domaine | Industrie alimentaire |
Place aux témoignages :
2πr – Avec l’engouement actuel pour les Nouvelles Technologies, les ingénieurs se tournent beaucoup vers les sociétés de services et autres start-up. Qu’est-ce qui vous a conduit à vous tourner vers l’industrie ?
Nathalie Déniel (N.D) : Je me suis tourné vers l’Industrie car c’est aussi un secteur qui bouge énormément : le marché du périphérique informatique est en éternelle évolution, qu’il s’agisse du traitement de l’image ou de l’impression.
Thierry Leboucq (T.L) : Pour être sincére, mon choix n’a pas été tant motivé par le secteur d’activité que par l’entreprise (ndlr: LU) et le groupe (ndlr: LU fait partie du groupe alimentaire Danone). Il y a certes des vocations industrielles dans ce secteur mais la plupart des employés recherchent essentiellement une stabilité de l’activité et des valeurs.
Les sociétés de type start-up dans les nouvelles technologie, que je ne connais qu’indirectement, sont plus friables et « branchées » mais restent également, je pense, une bonne manière de construire quelque chose de concret rapidement. Des entreprises traditionnelles, type sociétés industrielles, demandent une construction pas après pas : la même opposition entre un placement financier risqué par rapport à un livret A !
2πr – Dans quel secteur évoluez-vous et quel bilan succint peut-on en faire ?
(N.D) : J’évolue dans le domaine de la vente de périphériques informatiques (Appareils photo numérique, imprimantes laser, imprimantes jet d’encre, scanners, vidéoprojecteurs, multifonctions…).
Il s’agit d’un secteur très dynamique !
(T.L) : J’évolue dans le secteur agro-alimentaire et plus précisément dans la branche biscuit du groupe Danone : LU. C’est une entreprise très exigeante qui évolue du départemental (croissance externe) vers une entreprise plus centralisée. C’est un groupe en pleine construction, contrairement à son image et aux marques traditionnelles qu’il commercialise.
Je suis personnellement intégré à la direction des systèmes d’information en relation directe avec les directions opérationnelles dans un rôle de suivi de clientèle (Commercial, Marketing), de direction de projet et de management d’équipe (8 chefs de projets).
Le bilan est très positif :
– responsabilité intéressante,
– implication forte dans les résultat de l’entreprise,
– confiance de ma hiérarchie.
Ceci n’est pas sans contrepartie : un investissement fort et une présence de tous les instants.
2πr – L’industrie est le royaume de l’ingénieur au sens large. Tous les diplômés s’y cotoient. Qu’est-ce qui permet à un Eistiens de se démarquer ?
(N.D) : A l’époque de la promo 90, l’Ecole n’avait pas exactement le profil d’aujourd’hui. L’interêt pour moi, était la combinaison des activités : marketing, communication et informatique. Peu d’écoles offraient cette complémentarité (associée en plus pour moi à un BTS informatique).
De plus, on y a appris à se vendre, à « se débrouiller seul », à aller vanter les mérites de l’Ecole auprès des autres : nombreux exemples caractéristiques de la vie en entreprise.
(T.L) : L’Eistien a des atouts au départ : sa formation orientée Systèmes d’Information mais relativement ouverte sur une grande diversité de métiers de l’entreprise permet à l’individu de faire son chemin avec ses qualités intrinsèques… sans barrière, ni a priori.
Plus la carrière avance, moins le diplôme a d’importance. L’apprentissage se poursuit et les examens sont nombreux tout au long de la carrière.
2πr – Industrie rime avec production et bien souvent rendement. Quelles sont les contraintes imposées par celle-ci au niveau du profil ?
(N.D) : L’industrie suppose une capacité d’adaptation très importante ainsi qu’une souplesse d’esprit.
Toutefois, je pense que cette idée de rendement n’est pas valable que dans le secteur industriel, mais dans tout type de société.
Par ailleurs, le mot « Industrie » chez Canon n’a rien à voir avec « production » puisque nous ne travaillons pas dans une usine, mais à la commercialisation de produits…
(T.L) : C’est vrai, on demande, par soucis d’équité, par respect des valeurs du Groupe, que chacun contribue à faire avancer l’entreprise. L’exigence est présente à tous les niveaux de l’entreprise : les rendements qu’on demande au niveau de la production se retrouve dans toutes les directions opérationnelles de l’entreprise… qui elles mêmes se tournent vers les systèmes d’information pour automatiser les processus et mener de nouveaux projets.
On a, à tous les niveaux, besoin d’être organisé, savoir où trouver les informations, les leviers d’action (bonne connaissance de l’entreprise et de son fonctionnement).
2πr – Une fois rentré dans le secteur industriel, y fait-on carrière ?
(N.D) : Pourquoi pas ? Cela fait dix ans que je suis chez Canon. J’y suis entrée comme « Chef de Produits« , puis je suis passée « Responsable Communication » et maintenant « Responsable des Ventes« .
Alors, tout est possible !!!
(T.L) : Oui, sans hésitation même si on doit pour cela garder un peu de temps pour le marketing de sa propre personne !
La gestion de la carrière est au centre de la préoccupation du groupe Danone : des process et des outils ont été mis en place pour permettre à tous les niveaux d’être évalué sur les compétences, d’émettre des envie d’évoluer. la formation métier et managériale est aussi un axe important d’investissement pour permettre cette évolution.
La mutation du Groupe vers des process et des outils communs dans tous les départements du monde est par ailleurs un facteur d’évolution géographique intéressant.
2πr – On stigmatise beaucoup ce milieu comme évoluant lentement. Fiction ou
réalité ?
(N.D) : Avec un turn-over sur les produits de 8 mois en moyenne, comment peut-on franchement évoluer lentement ???
Fiction !!!
(T.L) : A l’instar de l’action en bourse, c’est une valeur refuge qui certes évolue moins vite que d’autres domaines plus en pointe mais ne retombe pas tel un soufflet. C’est un milieu dans lequel, les aspects supply-chain, marketing, commercial sont très enrichissants et souvent très en pointe.
Venez-vous en faire une idée à travers un stage pour les futurs diplômés !
2πr -Merci pour toutes ces précisions !
A noter tout de même que l’Industrie est, à en juger l’Annuaire des Anciens, un vivier d’Eistiens développant des carrières à forte valeur ajoutée ! Souhaitons donc bonne chance à celles et ceux qui veulent se lancer également dans l’aventure…
Grâce à ces deux témoignages, nous espérons que vous pourrez vous faire une meilleure idée du monde de l’Industrie.
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